Une guerrière derrière la Reine ? …

Depuis la fin du XIXe siècle, les relations culturelles entre la France et le Japon ont toujours été marquées par une forme d’intensité et de respects mutuels qui se sont exprimés à de multiples reprises. Le manga s’est fait la traduction de l’intérêt porté par les Japonais pour la culture et l’histoire de France, et réciproquement, comme en témoigne l’importante publication de Paul Erman Europe Japon, regards croisés en bande dessinée parue chez Glénat en 2009. Cet ouvrage se proposait alors de confronter et de réfléchir sur les visions réciproques de ces deux cultures parfois aux antipodes l’une de l’autre à travers le manga. Cette comparaison repose essentiellement sur les représentations historiques et sociétales que se font les deux pays à travers quelques exemples choisis. Jeanne d’Arc en fait justement partie.

Ce serait également enfoncer une porte ouverte que de rappeler la fascination des Japonais pour l’histoire de France comme en témoigne leur présence et même l’existence de syndrome de Paris, trouble psychologique spécifique aux japonais visitant la capitale tandis qu’à l’inverse, pour beaucoup de français reste le fantasme « d’aller au Japon ». La fascination pour les icônes et la culture locales est réelle et réciproque.


Parmi les personnages de l’histoire de France qui fascinent les Japonais nous retrouvons, non pas un ou plusieurs héros masculins, mais deux femmes avec en tête de liste LA reine française par excellence aux yeux des japonais : Marie-Antoinette.


Dans la génération des 40tenaires (dont je fais partie … Chut !), rares sont ceux qui ont échappé aux premiers dessins animés diffusés qui n’étaient pas estampillés Made in Japan. A l’époque, les programmateurs ont fait la part belle aux anime en provenance du Japon susceptibles de parler à la culture occidentale en sélectionnant les programmes porteurs de cette culture réciproque en provenance du Japon : on pourrait citer Saint Seiya qui repose sur les mythologies grecques et nordiques, City Hunter (avec son Ryo Saeba à mi-chemin entre un Belmondo et Alain Delon en version obsédé sexuel) mais aussi Lady Oscar qui très vite a montré tout l’intérêt que la culture populaire japonaise a porté à Marie -Antoinette et la période de la Révolution Française. Mais, mais …. Peut-être plus encore que cette dernière qui a sans doute trop focalisé l’intérêt français (de mon point de vue de lectrice de mangas), un autre personnage-phare de l’histoire de France a certainement davantage fasciné les mangakas : Jeanne d’Arc. Sa représentation a commencé à susciter l‘intérêt en France de manière assez tardive à l’occasion de la publication de la série Jeanne par Yoshikazu Yasuhiro chez Tonkam en 2003 qui a fait l’objet d’un certain nombre d’articles conséquents à l’époque. Et pourtant, ce manga, très soigné sur le fond et la forme, n’était ni le premier ni le dernier consacré à la Pucelle d’Orléans.